L’actualité de la faim dans le monde a notamment porté le projecteur sur l’impact grandissant du changement climatique, tel qu’au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. Mais en RD Congo, comme ailleurs, les conflits violents restent les premiers vecteurs de la faim.
Antonio Guterres, Secrétaire-Général des Nations unies, l’a récemment souligné au Conseil de Sécurité : « lorsque ce Conseil débat des conflits, vous débattez de la faim ». À l’échelle mondiale, 60% des personnes souffrant d’insécurité alimentaire vivent dans des régions confrontées à des conflits armés.[4] C’est le cas au Sahel, au Soudan du Sud, mais aussi en RD Congo, où la moitié des personnes projetées d’être en situation de crise alimentaire vivent dans des provinces affectées par des violences, notamment à l’est du pays et dans les Kasaï.[5]
Dans ces territoires, les cycles de violences anéantissent la sécurité alimentaire : les champs de manioc se muent en champs de bataille, les groupes armés dépouillent les paysans de leurs récoltes et les marchés deviennent déserts.
Des communautés prennent la fuite à cause des affrontements et des exactions commises dans leurs villages. Les familles déplacées se retrouvent sans rien, souvent accueillies par d’autres ménages qui sont eux-mêmes en situation alimentaire précaire. Fin 2021, la RD Congo comptait plus de 5,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, le troisième chiffre le plus élevé au monde.[6]
Ces cycles de faim causés par les armes durent depuis plus de 25 ans, sont marqués par le désintérêt et le laxisme des autorités et de la communauté internationale. La récente recrudescence des violences au Nord-Kivu et dans l’Ituri traduit les échecs de la diplomatie et du dialogue régional, incapables d’assurer la démobilisation des groupes armés et de mettre fin à l’impunité généralisée dont ils jouissent.