Au loin, des bruits de moteurs. Shettima Babaari n’en connaissait que trop bien la signification : Boko Haram est en chemin. Son village sera bientôt assailli. En quelques instants, lui et sa famille de neuf personnes ont dû tout quitter. Pour échapper à Boko Haram.
La famille de Shettima a finalement trouvé refuge à Maiduguri, capitale de l’état de Borno et, jusqu’en 2009, capitale économique du Nord-est du Nigéria. Ils n’étaient pas les seuls en quête de protection. Le nombre d’habitants de la ville a doublé et dépasse actuellement les 2 millions de personnes.
Crise humanitaire
Le conflit a poussé plus de 2,6 millions de personnes – dont 1,5 million d’enfants – sur les routes de l’exil. La plupart des réfugiés et déplacés internes se trouvent autour du Lac Tchad. Lac qui – à cause des changements climatiques et de l’impact de nos sociétés sur l’environnement – ne représente aujourd’hui plus que 10% de son volume initial. Les problèmes causés par la diminution de l’eau sont renforcés par l’arrivée massive de réfugiés.
Cette crise humanitaire majeure, presque oubliée chez nous, s’aggrave de jour en jour. Dans certaines régions, les habitants n’ont plus rien pu cultiver depuis 3 ans déjà. Pas de culture. Pas de récolte. 8,2 millions de personnes ont besoin de nourriture, d’eau et d’aide de base de toute urgence. Rien qu’au Nigéria, 5,1 millions de personnes sont touchée par l’insécurité alimentaire. 450.000 enfants sont sous-alimentés.
« A la maison, nous avions plus de 100 vaches », commente Shettima. « Nous n’avions pas de problèmes. » Jusqu’à l’arrivée de Boko Haram. Les deux années que la famille vient de passer à Maiduguri sont marquées par la faim et la pauvreté. Ils ont abandonnés tout ce qu’ils possédaient, le prix de la survie et d’une vie de misère.
La réponse Caritas
Catholic Relief Services (CRS), la Caritas Américaine, a donné à Shettima et sa famille une carte électronique avec laquelle ils peuvent acheter de la nourriture, du savon, des réservoirs d’eau, des ustensiles de cuisine et du bois de chauffage. La carte permet aux réfugiés de vivre en toute dignité. Elle leur laisse le choix des dépenses. Depuis le début de ce programme en mai 2015, CRS a distribué 8.500 cartes et ainsi aidé 50.000 personnes.
L’aide alimentaire est une priorité mais CRS a aussi aidé 1.650 familles à trouver un abri ou en distribuant de l’eau, en aménageant des sanitaires et en améliorant l’hygiène. Caritas organise l’aide d’urgence mais choisi aussi d’agir à plus long terme. Ainsi, des distributions d’outils et de semences permettent aux réfugiés de subvenir à leurs propres besoins alimentaires.