La Turquie et la Syrie subissent encore les lourdes conséquences des tremblements de terre

Caritas International Belgique La Turquie et la Syrie subissent encore les lourdes conséquences des tremblements de terre

En février 2023, les équipes locales de Caritas sont directement intervenues après les séismes. – © Caritas Turquie

En février 2023, les équipes locales de Caritas sont directement intervenues après les séismes. – © Caritas Turquie

05/02/2024

Les tremblements de terre qui ont frappé la Turquie et la Syrie début février 2023 ont eu de lourdes conséquences humaines et matérielles. Le réseau Caritas s’est immédiatement mobilisé pour apporter de l’aide aux communautés touchées. Sébastien Dechamps, coordinateur de l’aide d’urgence chez Caritas International, revient sur les opérations menées sur le terrain.

Sébastien, peux-tu nous parler de la magnitude des tremblements de terre et de leur impact?   

Sébastien: La première secousse a eu une magnitude de 7,8. En Turquie, il s’agissait de l’un des pires tremblements de terre depuis 1939. D’autres secousses ont suivi le premier tremblement de terre. Le 14 février 2023, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré qu’il s’agissait de la « pire catastrophe en un siècle » dans un pays de la zone européenne élargie. Le nombre de morts s’élève à 60 000 et le nombre de blessés est deux fois plus élevé. En Turquie, 14 millions de personnes, dont 7 millions d’enfants selon l’Unicef, ont subi les conséquences de la catastrophe. Soit 1/6 de la population turque.

Caritas International Belgique La Turquie et la Syrie subissent encore les lourdes conséquences des tremblements de terre

Caritas Syrie a fourni plus de 40.000 services sous diverses formes depuis les tremblements de terre. - Caritas Syrie

Qu’ont fait les équipes de Caritas suite à la catastrophe ?   

La particularité du travail de Caritas est que les organisations nationales sont bien implantées dans le pays. Les équipes de Caritas Turquie et Caritas Syrie se sont immédiatement organisées, avant même que les grands acteurs internationaux présents sur place n’interviennent. Nous sommes, avec d’autres ONG et structures gouvernementales, en première ligne lorsqu’une catastrophe survient, explique Sébastien Dechamps.

Dans les premiers jours et les premières semaines, les équipes Caritas sont intervenues dans les lieux où elles sont basées et où vivent leurs employés. Notre organisation a d’ailleurs également été touchée par les tremblements de terre : des bureaux Caritas ont été détruits ou endommagés, des collègues ont été blessés ou tués, certains ont perdu leur maison ou leurs biens.

Le champ d’action s’est ensuite élargi le plus rapidement possible, sur la base d’accords avec la protection civile, l’organisation d’aide internationale Croissant-Rouge, les autorités et les associations locales. Tout cela pour répondre aux besoins des personnes et des groupes les plus vulnérables. Dans le cas de la Turquie, les réfugiés syriens ont été particulièrement touchés; ils risquaient de ne pas être aidés par les circuits officiels. Ils ont toutefois trouvé de l’aide à plusieurs endroits, même à Istanbul et à Ankara.

Caritas Turquie a pu aider 2.618 personnes sous forme d’aide financière ou de dons matériels. En fonction des besoins, Caritas Turquie a par exemple distribué 8.104 sacs de charbon, 473 chauffages électriques, 1 782 ventilateurs, 100 poêles à charbon, 100 cuisinières à gaz, 2.895 sacs de bois de chauffage pour les poêles, 728 paquets de couches pour bébés, 9 fauteuils roulants électriques, 31 fauteuils roulants classiques, 1.417 colis alimentaires, 710 paquets d’articles d’hygiène, 4.555 bouteilles d’eau potable.

Sébastien Dechamps, coordinateur humanitaire

Au fil du temps, les besoins dans les zones touchées ont évolué.

Sébastien Dechamps, coordinateur de l'aide d'urgence chez Caritas International

Les conditions en Turquie diffèrent-elles de celles de la Syrie ?   

Sébastien : En fait, nous pouvons parler de trois zones différentes. En Turquie, l’État et l’administration sont puissants. L’État aime tout coordonner et tout contrôler. Dans la région, il y a de nombreuses personnes Kurdes ainsi que des réfugiés et réfugiées syriens. Cela rend la situation encore plus délicate. Toute aide est étroitement contrôlée par le gouvernement national. En soi, ce n’est pas mauvais mais la bureaucratie ne facilite pas toujours la mise en œuvre rapide d’une action.  

En Syrie, l’État est également très présent à certains endroits comme par exemple dans la région d’Alep, de Hama ou de Lattaquié. Il s’agit ici d’une région qui a été dévastée par la guerre civile pendant des années ; de nombreuses infrastructures sont brisées, les soins de santé sont très faibles et la population vit dans une extrême pauvreté. La région d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie, proche de l’épicentre du tremblement de terre, représente un cas particulier. La guerre fait toujours rage dans cette région et l’État n’a pas son mot à dire. Il faut donc y travailler avec les milices et les autres acteurs régionaux, ainsi qu’avec les ONG locales que nous connaissons depuis longtemps. 

Caritas Syrie a fourni plus de 40.000 services sous diverses formes depuis les tremblements de terre. Il s’agit notamment de la mise en place d’abris temporaires, de repas chauds, de colis alimentaires, d’eau potable, d’articles d’hygiène, etc.

Elle a également réhabilité 20 écoles et distribué près de 8.500 paniers alimentaires ainsi que plus de 10.000 draps, plus de 8.700 kits d’articles d’hygiène et 750 matelas. Plus de 4 200 personnes ont reçu une aide financière et enfin, quelque 3.000 personnes ont été soutenus en vue de leur assurer une meilleure protection.

Caritas International Belgique La Turquie et la Syrie subissent encore les lourdes conséquences des tremblements de terre

Les besoins varient donc considérablement en fonction de la personne concernée. – © Caritas Turkije

Comment a évolué le travail de Caritas au cours de cette année ?  

Sébastien: Au fil du temps, les besoins dans les zones touchées ont évolué. Le réseau Caritas a adapté les abris et les logements aux conditions hivernales très rudes. Les solutions « temporaires » se sont transformées en solutions à plus long terme. Certaines familles déplacées ont décidé de rester de manière permanente dans les endroits qu’elles avaient fuis. D’autres ont déménagé plus loin lorsque leurs conditions de vie étaient décevantes ou que leur intégration était difficile. Il y a aussi des familles qui ont réussi à retourner dans leur maison, aujourd’hui réparée. Les besoins varient donc considérablement en fonction de la personne ou de la famille concernée. Grâce à l’argent du réseau Caritas, les survivants ont pu faire leurs propres choix.

La reconstruction est-elle déjà envisagée?  

Sébastien: Pour la reconstruction à grande échelle, la Turquie et la Syrie en particulier devront s’en occuper elles-mêmes. Ce n’est pas le rôle de Caritas ou d’autres ONG. Le réseau Caritas aide toutefois un certain nombre de familles à réparer leur maison et à les rendre à nouveau habitable. Caritas Syrie a pu réparer plusieurs écoles dans les quartiers pauvres où l’organisation travaille.

Comment Caritas International (Belgique) a-t-elle été impliquée dans tous ces efforts ?   

Sébastien : Lorsque nos organisations partenaires en Syrie et en Turquie ont lancé des appels financiers, nous avons apporté notre contribution. La coordination a été assurée par Caritas Internationalis, le secrétariat de notre réseau à Rome. Nous voulons unir nos forces autant que possible au sein de notre réseau et échanger des informations, des rapports, des mises à jour et des photos. Caritas International Belgique apporte également son soutien grâce à un collaborateur qui se rend régulièrement en Turquie pour aider nos collègues à planifier et à suivre les opérations de secours. 

Actualités associées

Toutes les actualités