Caritas Congo lance un appel à l’action sur les crises à l’Est et à l’Ouest du pays

Edouard Makimba a fait ses études sacerdotales à Kalemie (province du Tanganyika) et à Lubumbashi (province du Haut-Katanga). Il a été ordonné prêtre en août 1997, dans le diocèse de Kongolo (Tanganyika). Il a travaillé dans l’éducation congolaise et au Bureau Diocésain de Développement (BDD). Grâce à des études en France, il a obtenu deux maîtrises sur les sujets du développement local et de la coopération internationale. Il est rentré en RD Congo fin 2011 et s’en sont suivies plus de dix années à la tête de la Caritas Kongolo, dans son diocèse. Il prend la direction de Caritas Congo le 3 juillet 2023.

« À travers Caritas Congo, l’Église catholique congolaise s’engage auprès des populations vulnérables dans chacun des 48 diocèses du pays », explique Édouard Makimba. « Nous coordonnons les actions, défendons les causes, renforçons les capacités dans les diocèses, mobilisons les ressources et suivons les projets. Nous nous concentrons sur l’aide d’urgence, la santé publique et le développement durable. Au Congo, 40 % des soins de santé sont organisés par l’Église. En termes de développement, nous travaillons autour des écoles, de l’agriculture, du leadership des femmes et des jeunes, par exemple. »

Caritas Congo compte environ 70 employés et une dizaine de bénévoles. L’organisation gère une dizaine de projets majeurs. « Notre budget représentait 22 millions de dollars en 2023, mais si nous regardons toutes les Caritas à travers notre pays, nous parlons de centaines de projets et de 250 à 300 millions de dollars déployés au profit de la population. Certaines Caritas locales sont très fortes, par exemple celles de Goma, Bukavu et Mbuji-Mayi. Nous travaillons avec les structures Caritas des diocèses et avec nos partenaires du Nord, dont Caritas International (Belgique). »

En Belgique, nous savons assez bien que l’Est de la RD Congo est confronté à une grave insécurité depuis de nombreuses années. La crise majeure de Kwamouth, une région de la province de Maï-Ndombe proche de la capitale Kinshasa, est cependant pratiquement inconnue. Le conflit foncier entre les Teke et les Yaka, deux communautés du Kwamouth, a dégénéré à partir de juin 2022. Les violences et l’urgence humanitaire qui ont suivi impactent aujourd’hui environ 2 millions de personnes, estime Makimba.

« Cette crise a été oubliée et négligée. C’est une crise grave, mais personne ne s’en occupe. La violence à Kwamouth a poussé de nombreuses personnes à fuir vers Kwilu, Kwango et même Kinshasa. Nous demandons que l’on accorde plus d’attention à cette question et que l’on sensibilise les diplomates étrangers en conséquence. Nous avons lancé un appel pour obtenir des ressources financières afin de mieux aider les populations touchées. Les conséquences humanitaires de cette crise sont similaires à celles des tristes événements survenus dans l’Est du pays. »

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La communauté internationale connaît beaucoup mieux les guerres à l’Est de la RD Congo. « L’épicentre de cette crise se trouve actuellement près de Goma, où les rebelles du M23 combattent l’armée congolaise. Beaucoup de personnes y sont tuées, les communautés fuient dans la panique. Les déplacés internes migrent vers Goma ou vers le Sud-Kivu. Certains cherchent refuge dans le nord du Nord-Kivu. Dans la province voisine de l’Ituri, il y a également des mouvements de personnes. Il s’agit donc d’une zone très étendue avec des besoins humanitaires importants. » 

Le réseau Caritas a déjà pu répondre à certains besoins liés à l’embrasement à l’Est de la RD Congo. Les violences sont toutefois telles que le nombre de personnes déplacées continue d’augmenter. « Nous voulons maintenant lancer un appel dans l’espoir de récolter entre 700.000 et 1 million de dollars. Les gens ont besoin de nourriture et nous devons lutter contre la malnutrition chez les jeunes enfants. Il faut également construire des abris et reconstruire les infrastructures. Les enfants déplacés doivent pouvoir aller à l’école ».  

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Des populations se déplacent également jusqu’à la province voisine du Sud-Kivu. En février 2024, Caritas International Belgique et son partenaire local Caritas Développement Bukavu ont mené une opération humanitaire dans le territoire de Kalehe. Il s’agissait notamment de distribuer de l’argent liquide à usage multiple aux personnes déplacées en provenance du Nord-Kivu. L’accent a également été mis sur les communautés hôtes qui portent le fardeau d’accueillir ces populations terrorisées et démunies.

« Nous sommes une organisation humanitaire et nous continuerons de répondre aux besoins urgents de ces communautés », affirme-t-il. « Mais nous voulons surtout que les politiciens congolais et la communauté internationale prennent à cœur la situation dans l’Est du Congo et ramènent enfin la paix. La population est blessée, stressée et traumatisée. Tout le monde veut la paix. » 

> A écouter : l’interview de Edouard Makimba à la radio RCF.