Retour volontaire : une préparation intense pour une réintégration réussie dans le pays d’origine

Caritas International Belgique Retour volontaire : une préparation intense pour une réintégration réussie dans le pays d’origine

Les études montrent qu'il est essentiel de préparer au mieux les personnes qui retournent dans leur pays d'origine, - © Caritas International

Les études montrent qu'il est essentiel de préparer au mieux les personnes qui retournent dans leur pays d'origine, - © Caritas International

28/05/2024

Les personnes migrantes en Belgique ou dans d’autres pays européens décident parfois de retourner dans leur pays d’origine. Ce n’est pas une décision facile à prendre. C’est pourquoi Caritas International les accompagne dans leur trajet de réintégration. Caritas International a également lancé un nouveau grand projet européen qui implique des organisations de la société civile en Albanie, au Kosovo, en Moldavie, en Bulgarie, en Croatie et en Slovénie.

La personne ou la famille qui prend la décision de retourner dans son pays d’origine, parfois après de nombreuses années, se trouve dans une situation délicate. Dans certains cas, les candidat-e-s au retour sont particulièrement vulnérables. C’est pourquoi les conseillers et conseillères au retour doivent exceller dans l’écoute et le dialogue, et faire preuve de psychologie tout au long du processus de retour. L’assistance dans le pays d’origine doit également être minutieusement préparée afin de maximiser la réussite de la réintégration.

« La dignité humaine est l’une des valeurs essentielles de Caritas », souligne Marc Somers, directeur du développement institutionnel de Caritas Europa. « Les personnes migrantes font partie des groupes les plus susceptibles d’être victimes de la pauvreté. Nous ne devons pas oublier que chaque personne migrante est un être humain dont les droits doivent être respectés. Chaque situation est différente. Lorsque Caritas s’engage auprès de ce public, il est également nécessaire de coopérer avec d’autres organisations de la société civile. Nous ne pouvons pas tout faire seuls. »

UNE BONNE PRÉPARATION

Les études montrent qu’il est essentiel de préparer au mieux le retour dans le pays d’origine. La personne retournée pourra-t-elle trouver un emploi à son retour ? Pourra-t-elle y développer sa propre activité économique ? Saura-t-elle s’intégrer socialement ? Qu’en est-il de son bien-être psychosocial ? Tant de questions qui témoignent de l’importance du rôle des conseillers et conseillères en réintégration.

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La dignité humaine et la recherche d’une solution durable sont extrêmement importants dans notre travail.

Larisa Schälike de l'organisation Raphaelswerk (Caritas Hambourg)

Larisa Schälike travaille pour l’organisation Raphaelswerk (Caritas Hambourg) en Allemagne. « Nous avons, dans toute l’Allemagne, du personnel dédié à l’accompagnement des personnes migrantes qui envisagent de retourner dans leur pays », explique-t-elle. « Nous sommes très attentifs à leurs vulnérabilités ainsi qu’à celles de leurs enfants. Nos superviseurs et superviseuses recherchent des solutions durables pour ces personnes en Allemagne, dans le pays d’origine ou dans un pays tiers. Le respect de la dignité humaine et la recherche d’une solution durable sont extrêmement importants dans notre travail. Il faut également créer un lien de confiance avec la personne. Si la confiance est réelle, elle sera plus encline à s’engager dans le processus de retour. Ce n’est toutefois pas facile. Nous rencontrons parfois des enfants qui n’ont jamais vu le pays de leurs parents. Ils sont nés en Allemagne et y ont grandi ».

ÉVITER LES FAUSSES PROMESSES

Sofie Brys travaille au guichet des retours de Fedasil à Bruxelles, une structure qui collabore étroitement avec Caritas International. « Toute personne migrante peut venir nous voir et demander un retour volontaire », explique Sofie. « Il faut être capable d’écouter attentivement les gens et d’évaluer leurs besoins réels. Nous ne promettons rien que nous ne puissions tenir. Nous aidons les gens à répondre aux questions pratiques. Et si nous voyons une solution alternative, nous les orientons vers d’autres personnes ».

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Nous ne promettons rien que nous ne puissions tenir.

Sofie Brys, du guichet des retours de Fedasil à Bruxelles

« Si le retour dans le pays d’origine est une option, nous laissons le ou la candidat-e s’entretenir avec le personnel de Caritas International ou de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Des discussions en ligne avec une organisation partenaire dans le pays d’origine sont également possibles. Si les personnes migrantes ont encore des doutes, il n’est pas question de faire pression sur elles pour qu’elles retournent dans leur pays ».

ÊTRE PRÉSENT POUR LES PERSONNES VULNÉRABLES

Goriana Tarnitsova travaille à la Stockholm City Mission en Suède. « La situation a radicalement changé dans notre pays », explique-t-elle. « De nombreuses personnes qui demandent une protection internationale voient désormais leur demande rejetée. Elles n’ont plus de perspective et viennent nous rencontrer pour parler de leur avenir. En tant qu’organisation, nous voulons leur présenter toutes leurs options : le retour mais aussi, par exemple, la possibilité de vivre sans papiers en Suède. Nous voulons être présents lorsque des personnes vulnérables envisagent des décisions difficiles. En tant qu’organisation de la société civile, nous voulons aborder la question du retour de notre propre point de vue, sans avoir à suivre l’agenda des autres. Avec Stockholm City Mission, nous espérons accompagner 500 demandeurs et demandeuses de protection internationale débouté-e-s sur une période de trois ans, dans le cadre d’un financement de l’AMIF – le Fonds européen pour l’asile et la migration ».

« Nous disons toujours d’emblée aux nouveaux résident-e-s qu’ils et elles peuvent demander un retour volontaire si c’est leur souhait », explique Wim Lips qui travaille au centre d’accueil de Fedasil à Poelkapelle, en Flandre occidentale. « Dans mon travail, j’explique toujours le mieux possible aux gens ce que l’avenir peut leur réserver. Ceux qui choisissent le retour volontaire peuvent rester au centre jusqu’à ce que tout soit prêt. Les personnes qui ne bénéficient pas d’une protection internationale en Belgique introduisent parfois une deuxième demande d’asile mais dans ce cas elles doivent quitter le centre, à moins qu’elles ne se trouvent dans une situation particulièrement vulnérable. Actuellement, la crise de l’accueil est telle qu’il n’y a pas assez de places, même pour les primo-demandeurs ».

Les personnes dont la demande de protection internationale a été refusée décident parfois de rester en Belgique et disparaissent alors des radars. « De nombreuses portes se ferment alors pour elles », regrette M. Lips. « Je le leur explique également et leur rappelle qu’elles peuvent toujours s’adresser à un bureau des retours si elles envisagent de repartir ».

L’Union européenne s’efforce de développer la même vision du retour dans tous les États membres. Bruxelles souhaite que le nombre de retours volontaire augmente et que l’ensemble du processus soit « plus qualitatif ». « Les gouvernements ne peuvent pas tout faire seuls », reconnaît Alexander Smits, de la direction générale des migrations et des affaires intérieures de l’UE. « Ils ont besoin de partenaires, y compris au sein de la société civile ».

COOPÉRATION EUROPÉENNE

Un nouveau projet européen sur la réintégration des personnes qui retournent dans leur pays d’origine a été officiellement lancé à Bruxelles le 13 mai 2024. Ce projet, qui se déroulera de mars 2024 à juin 2025, a été baptisé « Renforcement des capacités de conseil en matière de retour et de réintégration par le biais des OSC ». L’accent est mis ici sur la Croatie, la Slovénie et la Bulgarie, où le retour et la réintégration sont un thème nouveau et où le gouvernement est encore en train de tout créer. L’Albanie, le Kosovo et la Moldavie sont également concernés car les retours vers ces trois pays se font principalement à partir de la Croatie, de la Slovénie et de la Bulgarie. Caritas International a estimé qu’il était important d’expliquer l’approche belge, mais aussi de demander l’avis des collègues du réseau ERSO1. Ce réseau comprend des organisations de la société civile au Danemark et en Allemagne.

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Nous sommes convaincu-e-s que le partage de connaissances peut faire une différence positive pour les candidat-e-s au retour.

Thomas Goedgezelschap et Katrien Van den Bergh, coordinateur/trices de l'équipe réintégration de Caritas International.

Le projet vise à renforcer les acteurs de la société civile afin qu’ils puissent travailler plus efficacement et plus durablement sur le retour et la réintégration des personnes migrantes. L’amélioration des contacts entre les gouvernements et la société civile fait également partie des objectifs. Les participant-e-s souhaitent aussi échanger des connaissances et des bonnes pratiques.

Thomas Goedgezelschap et Katrien Van den Bergh coordonnent l’équipe réintégration de Caritas International. « Depuis de nombreuses années, Caritas International aide les personnes migrantes qui souhaitent rentrer chez elles ou qui envisagent de le faire. Nous faisons de notre mieux pour que la réintégration se déroule dans des conditions optimales et nous travaillons avec des partenaires dans près de 50 pays, dont plusieurs en Europe. Nous sommes convaincu-e-s que le partage de connaissances peut faire une différence positive pour les candidat-e-s au retour. C’est pourquoi nous sommes également enthousiastes à l’égard du nouveau projet européen ».



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ERSO signifie « European Reintegration Support Organisations ». En français :  Organisations européennes d’aide à la réintégration.

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