« Il y a un échange, un partage… On donne et on reçoit, ça va dans les deux sens » explique Savina, pleine d’enthousiasme. Cette volontaire, qui vient chaque semaine au centre depuis plus d’un an, précise : « ça me demande du temps et un certain effort mais je trouve beaucoup de plaisir dans la rencontre avec les résident-e-s. Je ne pourrais pas le faire si je voyais ça comme une corvée. »
Vêtements pour tous & toutes
Un après-midi par semaine, elle ouvre ce vestiaire, qu’on sent tenu d’une main de maître. « J’adore ranger » plaisante-t-elle. Elle s’assure que le petit local ait toujours des vêtements qui correspondent aux besoins des un-e-s et aux autres: « ça veut dire poster des annonces, trouver des vêtements, aller les chercher, les trier, parfois les laver, et les amener ici. » « J’avais déjà fait du volontariat mais pas aussi souvent, de manière aussi engagée » précise-t-elle.
Moments hors du temps
Savina n’est pas seule pour faire tout ce travail ; elle peut compter sur l’aide de quelques autres volontaires et Elorice, un demandeur d’asile camerounais qui réside au centre. Chaque semaine, entre les allées et venues, il s’active pour que le vestiaire soit bien ordonné. « Je mets en ordre selon l’âge et le genre, comme ça c’est plus facile à trouver » explique-t-il en rangeant une paire de chaussures. Comme d’autres résident-e-s, il a demandé à avoir un petit job ; une tâche communautaire qui lui permet d’être utile, de gagner un peu d’argent, et de penser à autre chose. « Le processus de demande de protection internationale n’est pas facile. Cela me stresse beaucoup. Travailler m’aide, j’y pense moins. Je pense aux vêtements, c’est ce que j’aime bien… ».
Tomy, la trentaine élégante, est une ‘cliente’[1] régulière au vestiaire. Pour elle aussi, cette petite pièce est un havre de paix : « quand je discute avec Savina, et que je regarde les vêtements, je ne pense pas à la procédure (de protection internationale). Même si je ne trouve rien, juste le fait de fouiller, d’essayer… ça me déstresse. » « Comme je suis de forte corpulence, ce n’est pas toujours facile de trouver ma taille. Savina m’aide à trouver ce qui me va. » « Quand je suis arrivée ici, je n’avais presque rien avec moi : un jean, un t-shirt blanc, et un pull » se souvient-elle, drapée dans un gros manteau d’hiver.
L’espoir d’une nouvelle vie en Belgique
« Au Cameroun, j’avais mon propre business de vêtements » se souvient Elorice. Il ajoute, plein d’espoir : « si la Belgique me donne l’opportunité de rester, j’aimerais travailler dans ce domaine. » Tomy, elle aussi, voudrait travailler dans le domaine : « Au Cameroun, j’avais commencé à étudier ‘l’industrie d’habillement’ pour apprendre à concevoir des vêtements et à les coudre. Mais j’ai dû arrêter l’école car mes parents m’ont envoyé en mariage très tôt, à 14 ans… Donc je n’ai pas pu poursuivre mon rêve. J’aurai peut-être la chance en Belgique, qui sait… J’espère » conclut-elle, les yeux brillants.
Des liens d’amitié
Témoin privilégiée de la vie du centre d’accueil, Savina raconte : « il y a une très chouette ambiance ici. On voit que les gens sont très attentifs les un-e-s aux autres et s’entraident. » Beaucoup sont arrivé-e-s sans leur famille, et des liens d’amitié très forte peuvent se créer. Par exemple, Maysa, une jeune tunisienne, et Ashdeksen, une vénézuélienne du même âge, se sont rencontrées ici et vont régulièrement au vestiaire ensemble. « On trouve parfois des choses similaires. Aujourd’hui par exemple on a trouvé presque les mêmes bonnets » rigole Maysa réajustant son couvre-chef. « Savina connait mes goûts et sait ce qui me va. Je suis sa meilleure ‘cliente’, toujours la première à arriver dès l’ouverture » pouffe-t-elle.
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Maysa et Ashdeksen se sont rencontrées au centre d’accueil et depuis, elles sont inséparables. Elles vont souvent chercher des vêtements ensemble au vestiaire. – ©Isabel Corthier
Un autre regard sur la migration
« Être bénévole ici, ça me permet de côtoyer des personnes que je n’aurais sans doute jamais rencontrées sinon » témoigne Savina. « C’est une porte ouverte sur un autre monde, et ça me permet d’avoir un regard différent, plus humain, sur la migration. Chacun-e a son histoire de vie… Je suis épatée de voir, malgré tout ce qu’ils et elles ont vécu, la dignité dont ils et elles font preuve. »
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(de gauche à droite) : Elorice, résident au centre d’accueil et jobiste au vestiaire, Savina, volontaire au vestiaire, Tomy et Maysa, demandeuses de protection internationale et résidentes au centre d’accueil. ©Isabel Corthier