L’hiver, une épreuve de plus pour les survivant-e-s des tremblements de terre

Caritas International Belgique L’hiver, une épreuve de plus pour les survivant-e-s des tremblements de terre

Caritas Syrie est principalement active à Alep, Hama, Lattaquié et Tartous - © Caritas Internationalis

Caritas Syrie est principalement active à Alep, Hama, Lattaquié et Tartous - © Caritas Internationalis

20/11/2023

Le 6 février 2023, un violent tremblement de terre a frappé plusieurs régions en Syrie et en Turquie, suivi de nombreuses répliques dans les semaines suivantes. Coordinateur de l’aide d’urgence chez Caritas International, Sébastien Dechamps revient sur les événements de ces derniers mois et sur l’aide apportée par le réseau Caritas aux personnes survivantes. « L’hiver qui arrive ne fait qu’aggraver les difficultés des populations sinistrées », souligne-t-il.

Sébastien, quelle est la situation dans les zones touchées ? 

Sébastien Dechamps : « Que ce soit en Syrie ou en Turquie, le contexte politique et administratif est compliqué. Il faut introduire des demandes d’autorisation avant d’entreprendre la moindre initiative. Cela complique grandement la tâche des organisations d’aide humanitaire. Ce sont deux pays avec un État fort. Par ailleurs, la guerre sévit toujours dans certaines parties de la Syrie. »

« Caritas Syrie est une organisation bien développée et avec beaucoup d’expérience, qui compte des centaines d’employés et de bénévoles depuis plusieurs années. Malgré sa plus petit taille, l’équipe de Caritas Turquie est aussi présente et active sur le terrain. Les collègues en Turquie accordent une attention particulière aux personnes réfugiées et migrantes originaires de Syrie et d’autres pays, ainsi qu’aux communautés qui les accueillent. Les personnes réfugiées sont particulièrement vulnérables dans ce genre de situation, car elles ne savent pas où demander de l’aide. Cela fait partie de l’ADN de Caritas d’accompagner des groupes en situation de vulnérabilité. »

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En Turquie, les équipes de Caritas ont préparé des repas chauds, distribué des colis alimentaires et facilité l’hébergement des personnes sans-abris dans des églises, des salles paroissiales et d’autres bâtiments de l’Eglise. - © Caritas Internationalis

Quelles actions ont-elles été menées ces derniers mois sur le terrain ? 

Sébastien : « En Syrie, Caritas a distribué de l’argent liquide aux personnes et aux familles touchées, pour qu’elles puissent acheter ce dont elles avaient besoin de priorité. En Turquie, les équipes de Caritas ont préparé des repas chauds, distribué des colis alimentaires, et facilité l’hébergement des personnes sans-abris dans des églises, des salles paroissiales et d’autres bâtiments de l’Eglise. Les collègues sur place leur ont prêté une oreille attentive et fourni des produits de première nécessité comme du savon, des couches pour bébés et des serviettes hygiéniques. Le gouvernement turc tente de reloger un maximum de gens dans des villages de conteneurs. Caritas Turquie fournit également des conteneurs à différents villages et répond aux besoins essentiels de celles et ceux qui y vivent. »

Que vous inspire le travail accompli par le réseau Caritas en Syrie et en Turquie ? 

Sébastien : « Je suis particulièrement impressionné par le travail formidable mené par Caritas Turquie auprès des personnes vulnérables, malgré ses moyens réduits. L’organisation est en train d’évoluer et de se renforcer et sera bientôt capable d’aider à la reconstruction et à la réinstallation de milliers de familles. Caritas Syrie a également déployé des efforts considérables dans un contexte difficile. Les collègues et bénévoles de deux pays méritent toute notre admiration et nos encouragements. Les gouvernements concernés ont bien sûr eux aussi assuré une aide aux victimes, ainsi que le Croissant-Rouge. »

Dans quelles régions le réseau Caritas aide-t-il les survivant-e-s du séisme ? 

Sébastien : « En Syrie, il s’agit principalement des villes d’Alep, Hama, Lattaquié et Tartous, sous contrôle de l’Etat syrien. Dans la région d’Idlib, où la guerre et l’anarchie règnent toujours, Caritas intervient en soutenant l’ONG locale SARD. Pour ce qui est de la Turquie, le réseau Caritas est actif dans le grand diocèse d’Anatolie – à Antakya, Iskenderun, Mersin… Caritas Turquie est également présente auprès des déplacé-e-s internes qui se sont réfugié-e-s à Istanbul, Ankara et Izmir. »

Comment l’aide humanitaire a-t-elle évolué ces derniers mois ? 

Sébastien : « En fait, les équipes humanitaires doivent constamment s’adapter. A la fois au contexte et aux décisions des autorités. En Syrie, par exemple, Caritas a d’abord distribué de l’argent pour payer les loyers. Ensuite cela n’a plus été une priorité et l’argent a été distribué pour d’autres usages. Avec l’arrivée de l’hiver, les besoins vont à nouveau changer : il faudra des vêtements chauds, des collants, des écharpes, des chauffages et des générateurs pour produire de l’électricité. »

« Caritas Turquie, de son côté, n’avait encore jamais géré une action humanitaire d’une telle ampleur. La qualité de son travail lui a permis de devenir une ONG reconnue et d’obtenir un soutien de la part de nombreux pays, dont la Belgique. La bonne collaboration et la complémentarité entre les autorités turques, les agences des Nations unies et les organisations non gouvernementales leur permet d’apporter une aide efficace aux survivant-e-s.  Parfois, cette coordination devient très concrète, par exemple par le biais d’accords entre Caritas Turquie et la Croix-Rouge internationale. »

Comment envisagez-vous les mois à venir ? 

Sébastien : « L’hiver sera dans tous les cas une période difficile, avec tous les besoins qui y sont liés. Il ne faut pas sous-estimer la rudesse des hivers syriens et turcs, beaucoup plus froids que ceux que nous connaissons en Belgique. »

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Après le séisme de septembre 2023, Caritas Maroc a concentré ses efforts sur la province de Ouarzazate. - © Caritas Internationalis

Le Maroc aussi a été frappé par un violent tremblement début septembre 2023. Que pouvez-vous en dire ? 

Sébastien : « L’État marocain est heureusement solide et mieux organisé. Caritas Maroc est une petite organisation mais elle a prouvé sa valeur ajoutée dans la gestion de l’après-séisme. Nos collègues marocains ont centré leurs efforts sur la province de Ouarzazate. Ils et elles sont convaincu-e-s de pouvoir y faire la différence avec les ressources dont ils disposent. »

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